#ÀLaRencontreDe Zogbé : l’homme au verbe de feu !

Saaaaaaaaaaaaaalut la compagnie !!! J’espère que vous allez super bien parce que de mon côté, c’est grave la forme. Après la découverte de la femme au crayon magique, je vous emmène aujourd’hui dans l’univers du slam béninois. C’est un milieu qui regorge de talents et certains d’entre eux bénéficient d’une popularité à l’échelle internationale. Pour votre plaisir mais aussi le mien, j’ai décidé de rencontrer l’une des voix montantes de cet art oratoire. Sur scène, c’est un dragon au verbe de feu. Par ailleurs il est le plus souvent habillé en tenue locale, ce qui n’a pas manqué d’attirer mon attention.

Ensemble nous nous inviterons dans la bulle de celui que l’on connait sous le nom de Zogbé. Prenez vos pop-corn et suivez-moi dans cette interview !


Mel : Bonjour Zogbé. Présentez-vous un peu plus pour nos lecteurs s’il vous plait ?
KKZ : Bonjour Cyr, et bonjour à tous les lecteurs de Monde en Lettres. Je réponds au nom de Kossi KOUSSOUGAN à l’état civil. Titulaire d’une maîtrise en didactique anglaise, je suis un enseignant d’anglais. Dans le milieu du slam et sur scène, je suis Zogbé !

Zogbé

Mel : Comment en êtes-vous arrivé au slam justement ? Et pourquoi le nom Zogbé ?
KKZ : Je ne suis pas venu au slam, c’est le slam qui est venu à moi… Rires. Plus sérieusement, je conçois mon parcours poétique comme un appel, un rendez-vous imprévu avec la destinée. Tout a commencé un matin au Centre Culturel Américain lors du lancement de la 3e édition du concours de slam organisé par l’Ambassade des États-Unis en mémoire de Martin Luther King.

Pourquoi Zogbé ? Ce nom de scène pour dire que le verbe est énergie, et que la parole c’est du feu. Quand vous écoutez mes textes c’est de l’énergie que je dégage pour consumer avec mes mots, les maux qui souillent notre existence.

Je suis Zogbé parce-que le verbe est énergie, et que la parole est du feu !🔥 Cliquez pour tweeter

 

Mel : Avez-vous déjà gagné des trophées lors de compétitions de slam ? Si oui, lesquels ?
KKZ : Non, je n’ai jamais gagné de trophée. La raison est toute simple : je ne participe jamais aux concours. Quand on me nomine je décline la proposition. Je n’ai pas de concurrent au fait. Mon seul challenger c’est moi-même. Pour moi aucun talent n’égale mon art. Et je ne me considère pas plus fort que les autres non plus. En matière d’art et d’œuvre de l’esprit, chaque personne a un don et un talent unique.

Chaque personne a un don et un talent unique ! Cliquez pour tweeter

 

Mel : Plus d’une fois, j’ai été séduit par vos différentes prestations lors d’évènements littéraires et artistiques. Pourquoi avoir choisi le fongbé pour slamer ?
KKZ : Je slame en Fongbé pour une raison tout à fait simple. Ma principale cible est composée des béninois et plus loin, des africains.

Mel : Est-ce que votre public n’est pas select en fin de compte ? Slamez-vous de temps en temps en français ?
KKZ : Vous avez entièrement raison en affirmant cela, et beaucoup pensent d’ailleurs que c’est le cas. Cependant, il n’en est rien. Pensez-vous qu’en tant qu’Africains, nous aurons un jour une langue commune en partage en continuant à promouvoir celles de la colonisation ? Aurons-nous une religion propre à nous ? Ou encore un système éducatif qui reflète nos réalités ? Vous savez, j’ai des cousins et amis à Bantè et Djougou qui ne comprennent pas par exemple la profondeur de mes messages. A qui la faute ? Je pense que le tort revient à nos dirigeants successifs depuis les indépendances, qui n’ont pas pu nous doter d’une ou trois langues nationales. En Chine il y a plusieurs langues parlées, mais tous les chinois comprennent le Mandarin.

Je slame uniquement en langue locale pour en ressortir le caractère scientifique.

Zogbé

Mel : Pourquoi le choix de tenues locales pour prester sur scène ? J’en ai fait la remarque plus d’une fois aux évènements de slam.
KKZ : Chaque fois que je suis sur scène, un couturier béninois gagne de l’argent, Woodin a déjà vendu ou la tisserande de kanvô va sûrement vendre. Je ne m’habille pas afin que les multinationales chinoises ou londoniennes continuent de tourner, mais pour que nos ingénieurs et artisans locaux puissent vivre de leur métier. C’est aussi ma manière de contribuer à la pérennisation de notre patrimoine vestimentaire, et plus loin de notre culture.

« Je m’habille en tenues locales pour promouvoir la culture vestimentaire du Bénin » - Zogbé Cliquez pour tweeter

 

Mel : Quel est le livre qui vous a le plus marqué ?
KKZ : J’ai vraiment l’embarras du choix mais le plus marquant est “Things fall apart » de Chinua Achebe.

Mel : Votre plat favori ?
KKZ : (Avec un large sourire) Owô kpo man kpo. Je résiste difficilement à la pâte de maïs accompagnée d’une bonne sauce légumes.

Mel : Avez-vous un passe-temps ? Que faites-vous souvent pour vous distraire ?
KKZ : Voyons… Quand il s’agit de distraction, j’aime beaucoup écrire et écouter nos chanteurs de musique endogène. Quels philosophes ces gens là ! Je suis aussi un très grand passionné du cuir rond, et donc je ne manque pas de suivre les matchs de football.

Zogbé

Mel : Comment composez-vous vos textes de slam ?
KKZ : Je compose mes textes comme tout poète. Toujours en quête de l’inspiration pour faire plaisir à mon public avec des vers et rimes de qualité. Des histoires pour marquer leur mémoire et leur cœur.


 

Envie d’avoir Zogbé sur l’un de vos évènements ? Il suffit de le contacter via sa page Facebook Zogbé Le Slameur ou le +229 96842689.

Propos recueillis par Cyr ZOGO